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Complexe d'Amour.
Par Eddy J. Constant Pierre
VENDREDI 10 OCTOBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 32e)
"F. Benoît et co. notent dans le vocabulaire actuel sur le couple un rapprochement entre rapports amoureux et rapports marchands.
Aujourd'hui, on déclare 'investir dans une relation'; 'se caser, c'est un placement'; 'se fiancer, c'est se financer'; 'on fait des ententes avec son partenaire, on passe un marché mais il arrive que celui-ci ne soit plus rentable'; c'est alors qu'on parle d'échec et même de la 'faillite de la relation'."
JEUDI 9 OCTOBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 31e)
"On peut se dire en amour même si le couple va très mal. La notion d'amour est très abstraite. Des femmes battues vont dire 'je l'aime quand même'..."
MERCREDI 8 OCTOBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 30e)
"En somme, l'amour ne révolutionne guère la structure sociale, parce qu'il est lui-même structuré par des contraintes invisibles. Le jeu ségrégatif de la sociabilité, la distribution sociale des goûts et des préférences, la structure inégalitaire des rapports entre hommes et femmes orientent avec fermeté les choix conjugaux, aussi spontanés et romanesques qu'ils paraissent."
MARDI 7 OCTOBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 29e)
"L'amour n'est-il qu'une chimère? N'est-il que le résultat d'un calcul intéressé? Rien ne permet de penser que ceux qui disent s'être mis à vivre ensemble par amour n'éprouvent pas ce sentiment. Mais il serait erroné de limiter le sentiment amoureux à des préférences inexplicables ou à des besoins mystérieux se développant hors de toute inscription sociale. Le lien qui se forme entre deux personnes lors d'une rencontre amoureuse a un contenu social."
LUNDI 6 OCTOBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 28e)
"La question de l'amour revient à cette possession réciproque: posséder ce qui nous possède. Nous sommes des individus produits par des processus qui nous ont précédés: Nous sommes possédés par des choses qui nous dépassent, et qui iront au-delà de nous mais , d'une certaine façon, nous sommes capables de les posséder. Nous ne les utilisons pas pour nous égoïstement mais pour constituer la trame et l'expérience même de la vie. La recherche de l'amour est, selon la formule de Rimbaud, la recherche d'une vérité qui soit à la fois dans une âme et dans un corps."
DIMANCHE 5 OCTOBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 27e)
"À ce moment-là, nous avons projeté sur autrui ce besoin d'amour, nous l'avons fixé, durci, et nous ignorons l'autre qui est devenu notre image, notre totem. Nous l'ignorons en croyant l'adorer. C'est là, effectivement, une des tragédies de l'amour. L'incompréhension de soi et de l'autre. Mais la beauté de l'amour, c'est l'interprétation de la vérité de l'autre en soi, de celle de soi en l'autre, c'est de trouver sa vérité à travers l'altérité."
SAMEDI 4 OCTOBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 26e)
"L'authenticité de l'amour, ce n'est pas seulement de projeter notre vérité sur l'autre et finalement ne voir l'autre que selon nos yeux, c'est de nous laisser contaminer par la vérité de l'autre. Il ne faut pas être comme ces croyants qui trouvent ce qu'ils cherchent parce qu'ils ont projeté la réponse qu'ils attendaient. Et c'est ça, aussi, la tragédie: nous portons en nous un tel besoin d'amour que parfois une rencontre au bon moment ou peut-être au mauvais moment déclenche le processus du foudroiement, de la fascination."
VENDREDI 3 OCTOBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 25e)
"C'est pour ça que l'amour est peut-être notre plus vraie religion et en même temps notre plus vraie maladie mentale. Nous oscillons entre ces deux pôles aussi réels l'un que l'autre. Mais dans cette vérité, ce qu'il y a d'extraordinaire. C'est que notre vérité personnelle est révélée et apportée par l'autre. En même temps, nous voyons et nous découvrons la vérité de l'autre dans l'amour."
MERCREDI 1 OCTOBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 24e)
"Mais rien n'est plus pauvre qu'une vérité sans sentiment de vérité. Nous constatons la vérité que deux et deux font quatre, nous constatons la vérité que cette table est une table, et non pas une chaise, mais nous n'avons pas le sentiment de la vérité de cette proposition. Nous en savons seulement l'intellection. Or, il est certain que, sans sentiment de vérité, il n'est pas de vérité vécue. Mais justement, ce qui est la source de la plus grande vérité est en même temps la source de la plus grave erreur."
MARDI 30 SEPTEMBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 23e)
"Avons-nous la réponse absolue et cette question? L'amour peut aller du foudroiement à la dérive. Il possède en lui le sentiment de vérité, mais rien n'est plus trompeur que le sentiment de vérité qui est à la source de nos erreurs les plus graves. Combien de malheureux (ses) se sont illusionné(e)s sur la 'femme de leur vie', l' 'homme de leur vie' !"
LUNDI 29 SEPTEMBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 22e)
"Mais, comme disait Platon de l'immortalité de l'âme, c'est un beau risque à courir. L'amour est un très beau mythe. Évidemment, il est condamné à l'errance et à l'incertitude: 'Est-ce bien moi? Est-ce bien elle? Est-ce bien nous?' "
DIMANCHE 28 SEPTEMBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 21e)
"Dans l'idée de pari, il faut savoir qu'il y a le risque de l'erreur ontologique, le risque de l'illusion. Il faut savoir que l'absolu est en même temps l'incertain. Il faut que nous sachions que, à un certain moment donné, nous engageons notre vie, d'autres vies, souvent sans le savoir et sans le vouloir. L'amour est un risque terrible car ce n'est pas seulement soi que l'on engage. On engage la personne aimée, on engage aussi ceux qui nous aiment sans qu'on les aime, et ceux qui l'aiment sans qu'elle les aime."
SAMEDI 27 SEPTEMBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 20e)
"On ne peut pas prouver empiriquement et logiquement la nécessité de l'amour. On ne peut que parler pour et sur l'amour. Avoir avec notre foi, avec notre mythe l'attitude du pari, c'est être capable de dialoguer, de nous donner à lui, tout en étant critique à son égard. Nous avons aussi un besoin profond, intime, qui tisse notre sens de la vie (nous ne pouvons pas vivre uniquement dans la prose), d'une dialogique permanente entre la prose et la poésie. L'amour fait partie de la poéticité de la vie. Nous devons vivre cette poésie, qui ne peut pas se répondre sur toute la vie parce que, si tout était poésie, tout ne serait que prose. Il n'y aurait pas la différence qui fait la différence. De même qu'il faut de la souffrance pour connaître le bonheur, il faut de la prose pour qu'il y ait de la poésie."
JEUDI 25 SEPTEMBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 19e)
"Nous sommes arrivés à ce point de la conscience où nous nous rendons compte que les mythes sont les mythes. Mais nous nous rendons compte en même temps que nous ne pouvons pas nous passer de mythes. On ne peut pas vivre sans mythes, et j'inclurai dans 'mythes' la croyance à l'amour, qui est un des plus nobles et des plus puissants, et peut-être le seul mythe auquel nous devrions nous attacher. Et pas seulement, alors, amour interindividuel, mais dans un sens beaucoup plus élargi, sans évidemment scotomiser l'amour individuel."
MERCREDI 24 SEPTEMBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 18e)
"L'amour, c'est le comble de l'union de la folie et de la sagesse. Comment démêler cela? Il est évident que c'est le problème que nous affrontons dans notre vie, et qu'il n'y a aucune clé qui puisse trouver une solution extérieure ou supérieure. L'amour porte justement cette contradiction fondamentale, cette co-présence de la folie et de la sagesse. On peut dire la même chose de l'amour et du mythe. Dès qu'un mythe est reconnu comme tel, il cesse de l'être."
MARDI 23 SEPTEMBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 17e)
"On dit de l'amour que c'est une illusion, une folie, une pathologie: le sexe, la jalousie, le plaisir, l'amitié, la tendresse, oui ; mais l'amour est un délire. De fait, la froide raison tend non seulement à dissoudre l'amour, mais aussi à le considérer comme illusion et comme folie. Dans la conception romantique, l'amour devient la vérité de l'être. Y-a-t-il une raison amoureuse comme il y a une raison dialectique, qui dépasse les limitations de la raison glacée?"
LUNDI 22 SEPTEMBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 16e)
"Notre visage permet donc de cristalliser en lui toutes les composantes de l'amour. D'où le rôle dès l'apparition du cinéma, de la magnification du gros plan du visage qui, comme l'hologramme, contient la totalité de l'amour. La catégorie du sacré, du religieux, du mystique et du mystère est entrée dans l'amour individuel et elle s'y est enracinée au plus profond."
DIMANCHE 21 SEPTEMBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 15e)
" Ce qui est tout à fait remarquable, c'est que l'union du mythologique et du physique se fait dans le visage: les yeux. Dans le regard amoureux, il y a quelque chose qu'on aurait tendance à décrire en termes magnétiques ou électriques, quelque chose qui relève de la fascination du boa sur le poulet, mais qui peut être réciproque. En même temps, dans ces yeux qui portent une sorte de pouvoir extraordinaire, un pouvoir physique, la mythologie humaine a mis des localisations de l'âme."
SAMEDI 20 SEPTEMBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 14e)
"On peut se demander si ce long attachement du couple qui le consolide, qui l'enracine, qui crée une affection profonde ne tend pas à détruire effectivement ce qui avait apporté l'amour à l'état naissant. Mais l'amour est comme la vie, paradoxal, il peut y avoir des amours qui durent, de la même façon que la vie dure. On vit de mort, on meurt de vie. L'amour devrait pouvoir, potentiellement, se regénérer, opérer en lui-même une dialogique entre la prose qui se répand dans la vie quotidienne et la poésie qui donne de la sève à la vie quotidienne."
VENDREDI 19 SEPTEMBRE 2008
Pensée d'Aujourd'hui (Complexe d'Amour 13e)
"L'amour, c'est la régénération permanente de l'amour naissant. Tout ce qui s'institue dans la société, tout ce qui s'installe dans la vie commence à subir des forces de désintégration ou d'affadissement. Le problème de l'attachement dans l'amour est souvent tragique, car l'attachement s'approfondit souvent au détriment du désir."
Publié par Eddy J. Constant Pierre