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Toxicomanie.
VENDREDI 24 DÉCEMBRE 2010
LA NOTION D'ASSUÉTUDE CHEZ LES COUPLES ALCOOLIQUES 7e partie
Conclusion
Le co-alcoolique s’identifie à un idéal qu’il cherche à réaliser à l’intérieur de sa famille, ou plus largement à l’intérieur de son monde relationnel. Et c’est précisément la constatation de l’échec de sa tentative qui l’amène à consulter.
Cette identification d’une part, et l’intrication des deux pathologies (l’alcoolique et le co-alcoolique) d’autre part permettent d’engager le co-alcoolique à soigner l’alcoolique, et non plus l’alcoolisme. Cela permet de se servir d’une particularité de la pathologie pour la subvertir thérapeutiquement.
En conclusion, nous pouvons dire que l’alcoolisme est un drame qui se joue électivement sur la scène familiale, et qu’il est donc tout à fait normal qu’au moment du traitement, la famille assume encore son rôle.
JEUDI 23 DÉCEMBRE 2010
LA NOTION D'ASSUÉTUDE CHEZ LES COUPLES ALCOOLIQUES 6e partie
Stabilisation et perspectives thérapeutiques
Il existe deux modalités d’évolution de la prise en charge : l’une sera axée principalement sur la gestion du symptôme, tandis que l’autre, à partir d’un décalage par rapport qu symptôme, débouchera sur un véritable travail psychothérapeutique.
La gestion du symptôme concerne surtout le type de demande que nous décrivions plus haut, où nous n’arrivons pas à introduire un décalage par rapport à la « solution familiale » élective. Le succès est mesuré à l’abstinence. Le symptôme reste central durant les entretiens : la famille ne permettra pas d’aborder des thèmes tels que les conflits non exprimés, ou la dépression masquée par l’alcool. Ces questions sont considérées comme des marécages dans lesquels il vaut mieux ne pas s’aventurer. « D’ailleurs, nous sommes tous là pour l’aider à ne plus boire, n’est-ce pas? » disent-ils. Donc, le type d’intervention possible consistera en une stabilisation : la suspension symptomatique est le seul but recherché. Le thérapeute accepte la règle du système. Le seul changement réel qui se fait dans ce type de travail est la disparition du recours à l’alcool.
L’approche psychothérapeutique à proprement parler est, elle, beaucoup plus rare. Là où il y a moyen de décoller du symptôme, d’autres thèmes conflictuels seront évoqués. Un espace intermédiaire pourra être créé, qui permettra d’aborder des thèmes plus fondamentaux tels que la séparation et l’individualisation, l’intimité et la distance.
MERCREDI 22 DÉCEMBRE 2010
LA NOTION D'ASSUÉTUDE CHEZ LES COUPLES ALCOOLIQUES 5e partie
La demande du co-alcoolique
Le travail avec le co-alcoolique comme porte d’entrée au système alcoolique a différentes implications et limites, dont nous tenterons maintenant d’approcher certains aspects.
En premier lieu, nous avons remarqué que la présence du co-alcoolique en consultation assure la présence du patient identifié : il est rare qu’un couple ou une famille manque un rendez-vous, tandis que l’alcoolique en consultation individuelle est irrégulier. La demande émane du co-alcoolique qui menace de décompenser, tandis que l’alcoolique n’a pas de demande personnelle.
La présence en consultation du co-alcoolique et de la famille permet éventuellement la mise en place d’une désintoxication ambulatoire, avec la possibilité d’une « hospitalisation volontaire » à domicile qui mobilise toute la famile du patient, mais cette fois dans une entreprise de sobriété. Toutefois, la possibilité d’un échec reste continuellement présente. S’il survient, le recours à l’hospitalisation offrira une alternative d’autant plus facile à accepter qu’elle aura été envisagée dès l’abord.
La présence du co-alcoolique en consultation est un avantage décisif pour le travail thérapeutique. Mais même si celui-ci est plus souvent-là, cela ne signifie pas qu’il y aura moins de résistance : la demande se cantonne trop souvent au seul arrêt du symptôme.
La demande du co-alcoolique se situe souvent dans le cadre de ce que nous avons appelé la pseudo-complémentarité : la menace de décompensation du co-alcoolique est tellement réelle qu’il devient urgent de rééquilibrer les compétences. Ce qu’il demande en fait, c’est le rétablissement que la symétrie : s’il décompense, il se retrouve dans une position complémentaire et donc automatiquement perdant dans la lutte symétrique.
La souffrance du co-alcoolique engendre cette demande de rééquilibrage qui visera souvent un retour à l’équilibre antérieur. La permanence du symptôme semble donc également assurée, tout comme la stabilité de présence aux consultations.
MARDI 21 DÉCEMBRE 2010
LA NOTION D'ASSUÉTUDE CHEZ LES COUPLES ALCOOLIQUES 4e partie
Qu’est-ce qui pousse le co-alcoolique à consulter?
Nous avons observé, qu’en règle générale, c’est le co-alcoolique qui prend le premier rendez-vous. Que se passe-t-il? Comme on a pu dire de l’alcoolique qu’il doit « toucher le fond » et trouver au plus profond du désespoir le courage du changement, on pourrait dire du co-alcooique que c’est l’échec de sa tentative qui le pousse à chercher une issue différente. C’est la faillite de la vicariance; le contrat tacite d’exploitation mutuelle est poussé à de telles extrémités que le rythme soutenu par tout le système devient intenable. Ce qui se passe ne correspond plus au modèle idéal que le co-alcoolique poursuit.
L’effet des pressions réelles exercées par l’entourage qui ne supporte plus les excès de l’alcoolique se fait également sentir. Le co-alcoolique se retrouve peu à peu isolé, ce qui rend la situation beaucoup plus difficile à supporter. Le soutien plus large faisant défaut, il se découragera et tentera de rétablir la situation en faisant, par exemple, hospitaliser d’urgence l’alcoolique en pleine crise.
Le co-alcoolique tient alors un discours tout différent; là où il a fait tant d’efforts sans se plaindre, il doit reconnaître que rien n’a pu enrayer la dégradation personnelle et socio-professionnelle de l’alcoolique. Force lui est de constater cet échec global. Et c’est la cause d’un désespoir et d’un découragement profonds : que faire, puisque, ayant tout essayé, rien n’a pu aider? Dans cette période de lucidité, il dira même parfois, non sans amertume, qu’en réalité il a aidé son alcoolique à boire plus en le protégeant ainsi contre tous les aspects négatifs de ses abus. Cela le poussera à chercher à voir clair, et il s’adressera à une personne extérieure.
LUNDI 20 DÉCEMBRE 2010
LA NOTION D'ASSUÉTUDE CHEZ LES COUPLES ALCOOLIQUES 3e partie
Quelques éléments sur l’intrication mutuelle de l’alcoolique et de son co-alcoolique
L’on constate fréquemment la présence de l’alcoolisme dans la famille d’origine des deux partenaires, régulièrement même, jusqu’à la troisième génération ascendante. Dès le début du mariage, chacun a eu tout le loisir de s’identifier à un rôle donné par rapport à l’alcoolisme. Le co-alcoolique s’identifie à « la sainte » qui tient le coup dans « la misère la plus noire », tandis que le futur alcoolique a déjà assisté à cette autodestruction à petit feu et reprend à son compte, telle quelle, la consommation massive d’alcool comme seule réponse possible aux contrariétés de l’existence. Les deux rôles se complètent merveilleusement et la rencontre, apparemment fortuite, met les acteurs potentiels du drame familial en place. Particulièrement chez le co-alcoolique, nous retrouvons une identification à une tradition transmise de génération en génération. Quant à la femme, celle-ci se réfère au rôle idéalisé de la mère : la femme hypercompétence qui assume toutes les fonctions vitales de la famille; la matrone soignante et pleine de sollicitude qui « tient tout ». Nous assistons à une intrication des problèmes de deux personnes, formant un tout solide, tel le tenon et la mortaise de la bonne menuiserie.
Dans ce couple formé par l’alcoolique et le co-alcoolique un phénomène de pseudocomplémentarité se développe, c’est-à-dire que l’on assiste de fait à une escalade symétrique, camouflée en complémentarité. Par escalade symétrique, nous entendons un mouvement en spirale à l’intérieur du couple où chacun des partenaires tente de prendre le contrôle de la relation en utilisant chacun des moyens de plus en plus puissants. L’alcoolique devient de moins en moins compétent au fur et à mesure que le co-alcoolique devient de plus en plus compétent. Dans une famille, on voit l’ensemble des tâches d’intendance prise en charge par le co-alcoolique, ce qui a pour effet de décharger l’alcoolique de toute responsabilité ou obligation, lui permettant ainsi de continuer à boire en repoussant le mur de la réalité contre lequel il pourrait se cogner.
Il existerait un défi entre l’alcoolique et son co-alcoolique. Qui tiendra le plus longtemps : l’alcoolique à pousser toujours plus loin le défi de son incompétence, ou le co-alcoolique à se montrer toujours plus magnanime et compréhensif devant l’incroyable exigence de l’alcoolique, toujours plus généreux, mobilisant ses dernières forces pour ce qu’il estime être le bien de l’autre.
Cette escalade symétrique explique ce qui nous étonne souvent dans notre pratique : la durée d’une telle situation et la ténacité avec laquelle les partenaires la poursuivent.
Par ailleurs, la dynamique même d’une symétrie rigide mène le plus souvent à une spirale inexorable, d’où les antagonistes ne peuvent se retirer que très difficilement. En effet, la lutte symétrique implique que quiconque tente d’abandonner est automatiquement taxé de « perdant ». L’alcoolique pousse toujours plus loin son incompétence, éprouvant par là l’indéfectible tolérance du co-alcoolique. Le co-alcoolique, par son hypercompétence toujours plus envahissante, pousse l’alcoolique au-delà de ses retranchements, jusqu’à l’écroulement final.
VENDREDI 17 DÉCEMBRE 2010
LA NOTION D'ASSUÉTUDE CHEZ LES COUPLES ALCOOLIQUES 2e partie
Percevant l’alcoolique comme un être fragile, le co-alcoolique n’osera plus lui faire de reproche quant à ses habitudes néfastes. Si nous prenons pour exemple un couple dont le mari est alcoolique, nous observons que la femme essaye indirectement de l’empêcher de boire : chaque matin, elle fait le tour de la maison à la recherche des bouteilles que le mari a abandonnées vides, ou cachées pleines en des endroits de plus en plus sophistiqués. La conjointe ne comprend pas que pour son mari ceci prend l’allure d’un jeu (gendarmes et voleurs) relativement excitant. Celui-ci s’emploiera à cacher de mieux en mieux les bouteilles pour tester l’assiduité et l’intelligence de sa femme. La nature du jeu, c’est qu’il est « addictif » : l’alcoolique est en quelque sorte entraîné à en faire de plus en plus, et d’une façon de plus en plus compliquée. Par ailleurs, il croit qu’il mène le jeu, qu’il en détient les règles. Pour en revenir à notre exemple, nous observons qu’en toute circonstance la femme rassure le mari sur son amour indéfectible, malgré toutes les horreurs que celui-ci lui fait subir. Et elle prouve sa sollicitude en l’aidant à « limiter les dégâts » à l’extérieur. En cas de malaise matinal (« le lendemain de la veille »), elle téléphone à son employeur prétextant un malaise, et appelle le médecin pour officialiser cette version si nécessaire.
Étant confrontés à des plaintes vagues, certains médecins familiaux mettront bien du temps à saisir la portée de la situation. Et s’il tente d’y remédier, le co-alcoolique fera le plus souvent appel à un autre médecin, ou même à plusieurs s’il le faut : il n’est pas question que quelqu’un de l’extérieur soit plus compétent que lui!
Le co-alcoolique soigne l’alcoolique et prend peu à peu à son compte les tâches que l’alcoolique n’est plus en état d’assurer. Le co-alcoolique lui réchauffe indéfiniment son repas, jusque tard dans la nuit. Il l’attend jusqu’à son retour et l’aide à se mettre au lit, ou part à sa recherche dans les différents cafés jusqu’à ce qu’il l’ait trouvé. Il excuse auprès de la famille et des amis, minimisant les événements et invoquant des raisons plus ou moins plausibles pour justifier son comportement. Il essaie d’organiser les choses de telle manière que les contacts, souvent explosifs, avec les enfants/adolescents soient évités le plus possible et se limitent au strict minimum.
Nous assistons à toute une série de comportements pour éviter une confrontation directe avec le problème réel, et le co-alcoolique éloigne les personnes extérieures (famille, amis, collègues ou autres) susceptibles de provoquer une telle confrontation.
Un patron trop compréhensif ou un collègue peuvent jouer un rôle similaire auprès de l’alcoolique. Sous prétexte « qu’il traverse une mauvaise passe », les absences sont acceptées, la présence au travail en état d’ébriété est excusée, les retards dans les tâches à accomplir sont rattrapés par d’autres, etc.
Même l’indulgence envers l’ébriété qui règne dans certaines sociétés européennes les fera considérer par des observateurs extérieurs comme d’énormes systèmes co-alcooliques.
JEUDI 16 DÉCEMBRE 2010
LA NOTION D'ASSUÉTUDE CHEZ LES COUPLES ALCOOLIQUES 1e partie
ALCOOLISME ET CO-ALCOOLISME : À PROPOS DU COUPLE ALCOOLIQUE
Un des traits les plus frappants dans la clinique de l’alcoolisme, c’est l’intrication des comportements des partenaires, tous deux acteurs actifs de l’assuétude. En fait, le partenaire pose une série d’actes pour aider l’alcoolique à s’en sortir, et précisément ces interventions protègent non pas l’alcoolique, mais, paradoxalement l’alcoolisme. Des actes tels que appeler le patron pour excuser une absence ou faire la chasse aux bouteilles dans la maison ont un effet inverse de l’effet visé consciemment : elles permettent en réalité à l’alcoolique de continuer dans la même direction sans trop de conséquences fâcheuses et introduisent une sorte d’ « état-tampon » entre l’alcoolique et la société. Cette situation, que nous considérons comme typique pour l’alcoolisme de l’âge adulte, nous a amenés à utiliser le terme de co-alcoolique pour désigner la personne du proche entourage de l’alcoolique qui exerce cette fonction spécifique et sans laquelle, nous semble-t-il, un alcoolisme ne peut atteindre son plein développement. Nous parlons de l’alcoolisme dans sa phase de l’adulte, entre 35 et 50 ans, qui entraîne peu à peu des pertes considérables au niveau de l’emploi, des finances, de la famille et sur le plan personnel.
La notion de co-alcoolique
Quand, dans la littérature française, anglaise et allemande, certains auteurs tentent de cerner le rôle de l’entourage de l’alcoolique, ils font en général une description phénoménologique d’un point de vue individuel qu’il est utile de résumer. Ces descriptions font souvent largement référence à l’observation clinique.
L’alcoolisme de l’âge adulte, pour atteindre son plein développement, exige au moins deux personnes : l’alcoolique et le co-alcoolique. Pour l’alcoolique et le co-alcoolique. Pour l’alcoolique, nous reprendrons une description liée à l’expérience de chacun, mais qui se trouve aussi de façon très explicite dans le D.S.M. III (Abus d’alcool, 303-90) : alcoolique est une personne qui fait usage d’alcool et en subit des inconvénients graves. Cette définition minimale suffit amplement.
Le co-alcoolique c’est celui ou celle qui permet, le plus souvent tout à fait involontairement, que l’alcoolique continue à vivre sa vie personnelle, conjugale et professionnelle sur le même mode; la plupart du temps, le co-alcoolique est le conjoint, un ascendant ou un descendant, parfois un supérieur hiérarchique ou un collègue. Cette personne proche tente de « limiter des dégâts » et montre beaucoup de compréhension pour ce qu’elle désigne souvent comme la « dépression » de l’alcoolique. Celle-ci nous rapporte que le comportement de l’alcoolique est certes très difficile à supporter, mais que son travail est exigeant, qu’il a eu une enfance difficile, qu’il a eu une mère impossible, qu’il est l’objet continuel d’injustices à son travail, ou plus simplement que chacun a tout de même le droit de se détendre, et qu’il vaut mieux le faire à la maison (où on peut le tenir à l’œil). Le comportement agressif accompagnant l’ingestion d’alcool est minimisé systématiquement : il n’était pas conscient de ce qu’il faisait, il ne croyait pas ce qu’il disait, il n’avait pas voulu vraiment frapper, ce n’était pas lui, etc. « C’est d’ailleurs ma faute », entend-on souvent dire par le conjoint; « Si j’avais réagi autrement, ça ne serait pas arrivé ». Parallèlement aux « regrets » de l’alcoolique vient le pardon du co-alcoolique : chaque fois, le partenaire pardonne les excès de la veille. L’alcoolique fait serment que de telles choses ne se reproduiront plus et l’incident est effacé. On n’en parle plus, on recommence, selon le phantasme de l’ardoise nette, de la table rase : « On oublie tout, on recommence à zéro », etc. Et ce scénario se reproduit, immuablement, indéfiniment, entraînant une aggravation de la situation sociale, familiale, et somatique…
MARDI 12 MAI 2009
Toxicomanie Conclusion
Conclusion
Henri Laborit, chirurgien et biologiste Français considère que la toxicomanie est d’abord une fuite devant une réalité insupportable. « Dans notre société de production de biens marchands, le travail est considéré comme le seul moyen d’être heureux. Les loisirs eux-mêmes sont des biens de consommation qu’on ne peut obtenir qu’en payant : télévision, cinéma, jeux, vidéos, internet, parcs d’attractions etc. C’est bien connu, nous avons tout pour être heureux, mais le bonheur proposé par la société ne rend pas heureux « il ne fait que cultiver l’insatisfaction, en lançant sans cesse de nouvelles modes ».
Selon Laborit, beaucoup de gens s’ennuient, car leur vie ne semble voir avoir aucun sens. Souvent, ils sont si spécialisés qu’ils n’ont plus de points communs entre eux, ils ne peuvent plus partager leur expérience avec les autres. Ils vivent dans l’insécurité et l’isolement.
D’aucuns disent que la valeur des êtres humains se mesure en nombre de diplômes et en salaire gagné, pas en capacité de faire des choix ou d’aimer son prochain. On parle beaucoup des effets des drogues mais pas assez de la détresse des gens. Si on leur enlève la drogue, que leur restera-t-il? À mon humble opinion, la drogue ne rend pas violent, contrairement à ce que l’on croit généralement. Au contraire, c’est souvent elle qui permet aux individus de continuer de fonctionner normalement. C’est le manque de drogue qui peut conduire à la violence, quand on n’a pas les moyens de s’en procurer.
Au plan individuel, les toxicomanes ont surtout besoin d’écoute, de respect et d’affection. Une thérapie est essentiellement une démarche spirituelle. Peut-on espérer changer radicalement la société? La menace de cette crise environnementale ou économique majeure finira peut-être par nous convaincre de revoir notre façon de vivre.
LUNDI 11 MAI 2009
Toxicomanie vs Psychotropes 35e partie
T
Toxicomanie (définition française) : En 1950, un comité d’experts de l’OMS a défini ce concept selon les termes suivants : « État d’intoxication périodique ou chronique engendré par la consommation répétée d’une drogue psychoactive (naturelle ou synthétique). Cette définition large sous-entend : un désir violent ou un besoin de continuer à consommer de la drogue et à se le procurer par tous les moyens; une tendance à augmenter les doses; une dépendance psychique et souvent physique à l’égard des effets de la drogue. »
Cependant, nombre de spécialistes devaient constater que ce concept, pour plusieurs raisons, s’avérait peu approprié à beaucoup de situations. Il ne peut s’appliquer au sens strict qu’à quelques opiacés et éventuellement à certains cas de dépendance vis-à-vis de l’alcool et vis-à-vis des sédatifs. D’autre part, il fut remarqué dans les milieux intéressés (juridique, médical) un recours constant et inapproprié au terme de toxicomanie.
En 1961, l’OMS réalisant l’inopportunité de l’emploi du concept de toxicomanie et de celui d’accoutumance décidait de les remplacer par un terme sans équivoque « qui correspond à une conception médicale et scientifique qui ne comporte aucune connotation sociale ou économique et qui n’évoque aucune idée de contrôle ». Le terme adopté fut celui de pharmacodépendance.
Toxicomanie (définition québécoise) : État général périodique ou chronique de dépendance à l’égard de la drogue, besoin irrésistible qu’éprouve une personne de consommer une drogue à doses et à fréquence croissantes, même si elle est consciente des risques ou dangers associés à sa consommation.
Les caractéristiques de la toxicomanie sont notamment :
· un irrésistible désir ou besoin de continuer à consommer la drogue et de s’en procurer par tous les moyens;
· une tendance à augmenter les doses;
· une dépendance psychologique et possiblement physique à l’égard des effets de la drogue;
· des effets nuisibles à l’individu, à son entourage et à la société.
DIMANCHE 10 MAI 2009
Toxicomanie vs Psychotropes 34e partie
T
Tolérance : Phénomène biologique par lequel des doses croissantes ou de plus en plus rapprochées d’un produit psychotrope sont nécessaires, dans une période de temps donnée, pour produire un même effet chez une personne, sans dommage apparent à court terme. L’organisme acquiert généralement cette tolérance progressivement.
La tolérance est observée dans le contexte de la consommation régulière des substances suivantes : alcool, amphétamines et leurs dérivés, barbituriques, benzodiazépines, cannabis, cocaïne, inhalants, opiacés, phencyclidine.
La tolérance à une substance donnée présuppose une consommation assidue de cette substance sur une période de temps qui est directement proportionnelle à l’importance du phénomène observé.
Tolérance croisée : Tolérance à une drogue résultant de l’utilisation d’une autre drogue possédant en général une structure chimique ou des propriétés pharmacologiques voisines. Ainsi, on remarque le phénomène entre les différentes substances d’une même classe, par exemple entre différentes sortes de benzodiazépines ou entre l’alcool et les opiacés.
Tolérance inversée : Réaction selon laquelle l’effet d’une certaine drogue augmente avec l’usage de cette drogue. La tolérance métabolique permet d’expliquer le phénomène de la tolérance inversée : l’usage régulier d’un produit pendant plusieurs années entraîne à long terme, dans certains cas, une toxicité pouvant affecter l’organe assurant le métabolisme de cette substance, par exemple le foie pour l’alcool. Ainsi, un alcoolique atteint d’hépatite chronique peut voir diminuer de façon très importante sa tolérance métabolique, d’où la tolérance inversée.
Toxicomane : Personne qui présente un problème de toxicomanie. Il faut faire une différence fondamentale entre les usagers de psychotropes : usagers à but récréatifs et ceux qui ont abusé au point d’être dépendants. Les personnes toxicomanes actuelles sont, le plus souvent, des polytoxicomanes qui se risquent à composer les mélanges les plus variés. Les personnes toxicomanes sont fréquemment identifiées selon le type de produit absorbé (ex. : cocaïnomane, héroïnomane).
Toxicomaniaque : Adjectif employé en relation avec le terme toxicomanie (ex. : comportement toxicomaniaque).
SAMEDI 9 MAI 2009
Toxicomanie vs Psychotropes 33e partie
S
Speedball : Consommation simultanée de cocaïne et d’héroïne. Pour les amateurs de sensations fortes, l’effet est très attirant, brusque et très intense, un gros « rush » : la stimulation de la cocaïne sans la tension nerveuse qui l’accompagne.
Stéréo : Expression utilisée, entre autres, au centre-ville de Montréal par les jeunes UDI pour connaître si leur copain est atteint du VIH. Ils posent la question « Es-tu stéréo? » pour « Es-tu séropositif? »
Stimulant : Substance qui agit sur le système nerveux central en limitant momentanément le besoin de sommeil, la fatigue et la fatigabilité, souvent en réduisant l’appétit : tels sont les stimulants de la vigilance, les stimulants de l’humeur ou antidépresseurs.
Stone (être) : Argot, signifie planer à l’héroïne ou au haschich (dérivé du cannabis).
Straight : Argot, désigne une personne qui ne consomme pas de psychotropes tout particulièrement, les drogues illicites.
Sucre : Argot, réfère à une dose de LSD. Quelques gouttes sont déposées sur un sucre qui est ensuite absorbé.
VENDREDI 8 MAI 2009
Toxicomanie vs Psychotropes 32e partie
S
Sevrage : Action de priver une personne toxicomane de sa drogue habituelle lors d’une phase de désintoxication.
Le syndrome de sevrage décrit le fonctionnement anormal de l’organisme et l’ensemble des manifestations caractéristiques désagréables, d’ordre psychique ou physique (crampes, insomnies, vomissements, hallucinations, sueurs, perte d’appétit) survenant lors de la suppression de la drogue chez un sujet en état de dépedance à l’égard de celle-ci.
Certains sevrages doivent être surveillés ou supervisés médicalement.
Shooter : Argot, synonyme de faire une injection intraveineuse de drogue.
Shooting Gallery : Argot, désigne un lieu clandestin où les consommateurs achètent de petites quantités de drogues (surtout cocaïne et héroïne), souvent pour s’injecter ou consommer sur place. Le most piquerie est le terme français correspondant. Il s’agit parfois d’appartements où l’on retrouve des matelas sur le sol à l’usage de la clientèle.
Skin-popping : Argot, réfère à l’injection de cocaïne par voie sous-cutanée.
Smack : Argot, synonyme de héroïne.
Snif : Prise nasale de drogue.
Sniffer : Action de renifler, priser une substance, le plus souvent de la cocaïne, de l’héroïne ou de la phencyclidine (PCP). Les consommateurs de cocaïne ou d’héroïne « sniffent » se « fixent », ou se «shootent ».
Speed : Argot, synonyme d’exitants (amphétamines ou cocaïne).
JEUDI 7 MAI 2009
Toxicomanie vs Psychotropes 31e partie
P
Pot, herbe, gazon, mari, Marie-Jeanne : Argot, désigne la marijuana l’un des dérivés du cannabis. Ce dérivé comme les deux autres dérivés du cannabis (haschich et huile de hasch) proviennent du chanvre indien, une plante qui pousse dans plusieurs régions du monde.
Poudre : Argot, désigne la cocaïne ou l’héroïne.
Pusher : Argot, synonyme de vendeur de drogues.
Q
Quart : Argot, désigne un quart de gramme. Ce terme est généralement applicable à la cocaïne, au cannabis et ses dérivés.
R
Rush : Expérience intense vécue dans les secondes suivant l’injection d’une drogue, au moment ou celle-ci a un effet immédiat et très prononcé, comme celui de la cocaïne ou des opiacés. Les personnes héroïnomanes comparent volontiers ce plaisir intense à un orgasme.
MERCREDI 6 MAI 2009
Toxicomanie vs Psychotropes 30e partie
N
Neige (snow) : Argot, synonyme de cocaïne.
O
O.D. : Argot, synonyme de overdose, surdosage.
Overdose : Absorption d’une trop grande quantité de drogue (en français, on emploie le terme surdosage).
P
PCP : De son vrai nom phencyclidine, le PCP fut initialement breveté comme anesthésique, en 1958, puis abandonné chez l’humain pour être confiné au domaine vétérinaire, à partir de 1967. Il se retrouve depuis comme produit de synthèse illicite de type hallucinogène, rarement identifié comme tel sur le marché noir où on le fait passer pour du LSD (acide) ou de la mescaline (mesc).
Placebo : Agent dépourvu d’efficacité thérapeutique objective mais pouvant agir par un mécanisme psychologique ou psychophysiologique si le sujet croit recevoir un traitement actif. Il s’agit donc d’une substance pharmacologiquement inerte.
Une réponse placebo est la capacité que possède une personne de répondre à un traitement placebo.
Point : Argot, désigne un dixième de gramme d’héroïne. Le terme « point » est donc réservé à l’héroïne.
Les consommateurs d’héroïne vont acheter la substance en se référant au mot « point » et vont calculer leur dose quotidienne également en terme de « point ». Les consommateurs de cocaïne, de cannabis et ses dérivés utilisent le terme « gramme ».
Polytoxicomanie : Dépendance à plus d’un produit psychotrope ou consommation concomittante de plusieurs psychotropes.
Poppers : Nom populaire donné pour les ampoules de nitrates d’amyle ou de butyle. Ce nom est employé puisque un bruit de bouchon qui saute (« pop ») se fait entendre lorsque l’ampoule est brisée.
Ces produits sont inhalés. Ils sont surtout consommés dans les bars, discothèques, ou lors d’activités sexuelles. Ils produisent un « rush » instantané en raison de leurs effets vasodilatateurs importants.
MARDI 5 MAI 2009
Toxicomanie vs Psychotropes 29e partie
L
Lactose : Sucre utilisé pour couper l’héroïne.
Ligne : Argot, réfère à la consommation de la cocaïne sous forme de poudre. La poudre est disposée comme un trait (ligne) et inhalée au moyen d’un tube ou d’une paille (« tirer une ligne »).
M
Mesc : Argot, synonyme de mescaline, ingrédient actif du cactus peyotl que l’on ne retrouve pour ainsi dire jamais sur le marché noir qui lui substitue le PCP.
Méthadone : Narcotique synthétique (opiacé de synthèse) utilisé pour le traitement des surconsommateurs d’opiacés, principalement l’héroïne.
La méthadone supprime les symptômes de sevrage. L’injection d’héroïne est remplacée par une dose équivalente de méthadone prise par voie buccale. Cette dose est ensuite réduite pendant une période de dix à quatorze jours, puis les toxicomanes sont stabilisés avec une dose d’entretien. Cette stabilisation a une durée variable de six mois à deux ans. Il a été démontré que les programmes de méthadone sont inefficaces s’ils ne sont pas accompagnés d’un suivi thérapeutique.
Mush, mushrooms : Argot, synonyme de champignons magiques, psilocybine.
LUNDI 4 MAI 2009
Toxicomanie vs Psychotropes 28e partie
I
Ice : Argot, désigne un mélange de cocaïne et de phencyclidine (PCP). Le « Ice » pourrait devenir une drogue populaire sur le marché montréalais selon certaines sources policières.
Le terme « Ice » est employé en raison de la ressemblance de la substance à un bonbon clair, de la glace ou un morceau de verre.
J
Joints : Argot, réfère à une grosse cigarette faite de deux ou quatre feuilles de papier à cigarette collées. Elle est bourrée de tabac mélangé à de la marijuana ou du haschich (dérivés du cannabis). Les fumeurs assis se passent cette cigarette et chacun, à son tour, inhale quelques bouffées de fumée qu’il avale.
Junkie : Argot, désigne une personne qui consomme une drogue par injection. Plus particulièrement, une personne consommatrice d’héroïne.
DIMANCHE 3 MAI 2009
Toxicomanie vs Psychotropes 27e partie
H
Hallucination : Perception imaginaire en l’absence d’un stimulus extérieur (perception sans objet ).
Hallucinose : Pseudo-hallucination, perception sans objet et sans croyance délirante, au cours de laquelle le sujet a conscience du caractère pathologique de cette perception.
Hasch, H, cube, dime : Argot, synonyme de haschich, l’un des dérivés du cannabis. On appelle haschich la résine de la plante cannabis sativa ou chanvre indien, elle exsude des feuilles de la plante au moment de la floraison. On la racle, puis on la presse en blocs. C’est surtout dans cette résine qu’est présent le tétrahydrocannabinol ou THC, principal agent chimique responsable de l’action psychotrope du cannabis. Habituellement, le haschich se fume, souvent mêlé à tu tabac ou dans des pipes à eau particulières (narghilé).
L’usage occasionnel du haschich ne conduit pas nécessairement à la dépendance. Cependant, la situation, si elle doit être dédramatisée, ne doit pas non plus, et loin de là, être banalisée. Il semble que bon nombre d’adolescents qui commencent à fumer du cannabis entrent dans un contexte de vie à haut risque.
Héro, horse : Argot, désigne l’héroïne.
High : Argot, désigne l’état euphorique atteint sous l’influence des drogues.
Hit total : Argot, désigne l’administration intraveineuse d’un mélange de sang, contaminé par le VIH, dilué la plupart du temps avec de la cocaïne. Les seringues ainsi contaminées sont vendues à prix élevé. Les acheteurs aux prises avec un « mal de vivre » accourent vers ces seringues s’avérant une forme de garantie de les délivrer de leur souffrance.
SAMEDI 2 MAI 2009
Toxicomanie vs Psychotropes 26e partie
E
Ecstasy, Adam, pilule d’amour ou XTC : Argot, désigne la substance chimique MDMA (dérivé d’amphétamines). Le MDMA a été utilisé pendant plusieurs années pour le traitement de la dépression. Cette poudre procurerait les bienfaits du LSD sans ses inconvénients. Elle apporte une vive sensation d’euphorie de même qu’une forte augmentation de la libido. Cette substance a récemment fait son apparition à Montréal et s’avère très populaire chez les jeunes.
F
Fix, Hit, Shoot : Injection d’héroïne (blanche le plus souvent) ou d’autres drogues telles la cocaïne, l’alcool ou les stéroïdes mélangée à de l’eau ou du jus de citron. Le terme hit désigne en général une injection plus violente dont l’effet est plus intense.
Flash : Argot, signifie subir le premier effet après l’ingestion de drogue.
Flashback ou récurrence : Argot, désigne la répétition ou le brusque retour des effets d’une drogue sans nouvelle administration du produit. Ce phénomène se retrouve surtout chez les personnes qui ont longtemps consommé du LSD.
Flûte : Argot, désigne une seringue hypodermique (type de seringue distribuée dans les centres d’accès aux seringues).
Freebase : Argot, désigne le procédé d’extraction de la cocaïne pure du produit dilué acheté chez le pusher. La poudre blanche ainsi obtenue est ensuite fumée dans une pipe à eau. Les vapeurs respirées provoquent en quelques secondes une secousse quasi-orgasmique (rush) de très courte durée.
La « Freebase » s’avère un mélange de cocaïne, d’ammoniaque et d’eau chauffée.
VENDREDI 1 MAI 2009
Toxicomanie vs Psychotropes 25e partie
D
Dope : Argot, désigne les drogues en général.
Dose : Quantité de drogue administrée en une fois.
Down : Argot, désigne le sentiment de dépression consécutif à l’usage de la drogue. Cet état dépressif suit celui d’euphorie ou d’excitation engendré par certaines substances.
Drogue : Toute substance naturelle ou synthétique qui, de par sa composition chimique, peut modifier la structure ou le fonctionnement d’un être vivant, en altérant ses réactions physiologiques et psychologiques.
Drogue illicite : Substance vendue ou procurée illégalement en vertu des lois nationales (ex. : cannabis et dérivés, cocaïne, héroïne).
Drogue illicite : Substance vendue ou procurée illégalement en vertu des lois nationales (ex. : cannabis et dérivés, cocaïne, héroïne).
Drogue licite : Substance dont la vente est permise selon la loi (ex. : alcool, tabac).
JEUDI 30 AVRIL 2009
Toxicomanie vs Psychotropes 24e partie
D
Dépendance physique : Besoin physiologique irrésistible résultant de l’absorption continuellement répétée d’une drogue.
État adaptatif d’un consommateur dont l’organisme a besoin d’une drogue pour fonctionner, étant habitué à sa présence dans le sang.
L’arrêt brusque de l’administration de la drogue entraîne l’apparition de troubles physiques appelés symptômes de sevrage ou état de manque.
Dépendance psychologique (psychique) : État d’un consommateur qui affiche une obsession en regard de la consommation de drogue.
Cet état est caractérisé par une envie intense de consommer et de sentir les effets de la drogue. Il est variable suivant le produit et l’usager.
État dans lequel existe un besoin psychique irrésistible de faire un usage périodique ou continu de psychotrope, sans quoi un sentiment de vide et de désespoir s’installe. La consommation entraîne une satisfaction qui exige l’administration périodique ou continue de la drogue pour se maintenir ou pour l’évitement d’un malaise.
La dépendance physique est un puissant agent de renforcement de l’influence de la dépendance psychique en cas de continuation de l’usage de la drogue ou de rechute après une tentative de sevrage.
Descente : Argot, synonyme de reprise de contact avec la réalité. Retour à l’état hors drogue.
Désintoxication : Action par laquelle l’organisme se débarrasse ou est débarrassé des toxines qui l’imprègnent. Synonyme de sevrage.
Dopage : Action de prendre des stimulants ou d’en administrer en vue d’améliorer une performance, de se surpasser. Le dopage des sportifs est combattu avec véhémence notamment par le biais de dépistages dans les urines.
Publié par Eddy J. Constant Pierre